Sefer HaZikaron ספר הזיכרון

Extraits de mon carnet A6 qui m’a accompagnée durant mon séjour de cinq mois à Tel Aviv en Israël

Anamnèse

“C’est quelqu’un qui se souvient – c’est à dire quelqu’un qui applique sur soi-même un effort d’anamnèse intégral, qui s’efforce de se remémorer toutes les sensations, impressions, expériences et pensées qu’il  pu accumuler depuis le début de son existence, et de les retraduire en matières : oeuvres, récits ou poèmes. La seule manière de justifier son passé, ou de lui rendre grâce, consiste peut-être à en faire quelque chose d’indispensable à son propre présent, ainsi qu’à son avenir – en le métamorphosant en oeuvre, c’est à dire en objet et sujet de sa propre volonté”

Entretien avec Gilles Wauthoz

Sefer HaZikaron = livre des souvenirs

Texte inspiré du tableau « Souvenirs de Castelgandolfo » de Corot

Les souvenirs ne peuvent pas se mentir. Mélancoliques ou nostalgiques,

Ils restent véridiques. Souvenirs pour deux sous, ils sauvent

Sauvent mais rassurent, susurrent comme une brise pâle.

D’ailleurs, le « S » des souvenirs garde un air cyclique, il tourne en rond, cogite,

S’agite, ainsi s’amusent les cumulo-nimbus, d’une grisante hâte.

C’est un Castel, un château à l’italienne, architecture du songe, passer l’éponge,

Pesant moins que le ciel. On ne se libère pas du souvenir. Même

Si son habitation est statique, à l’image de cette cité

A l’antique, le souvenir cogite.

Un souvenir ne sauve pas, il soutire, intempestif, les instants

Du présent, à celui qui hésite. 

Du haut de sa tour, bucolique, le sage, 

Le Corot en tenue de page, entend corrompre sa mémoire

Qui concocte des souvenirs. Corot dans son Castel,

Dévisage Gandolfo qui se prélasse dans sa caste. Ecclésiastes,

Cloîtres et clé magiques lancent des maléfices. En surface, bien sur,

Rien ne se passe, l’air de rien, au petit matin. Il est tôt, éclairant le château,

La marée et le ciel s’unissent en reflet,

Pour éclaircir ce mystère.

En l’occurrence, les mystiques agneaux de Castelgandolfo peints par Corot

N’accrochent pas l’œil.

Assis, comme le berger et son pipeau 

Peuvent faire soupirer le contemplateur!

Assis, comme le berger et son pipeau, trône souverain,

Le souvenir

De ce tableau.