Notebook בּ

Carnet commencé en Israel en janvier 2017 et terminé en Sardaigne en été 2017. Le temps d’une histoire avec un certain livre. Un sefer, des saferis.

Cet objet est de couleur unie, mais il peut être de n’importe quelle couleur. Il est presque sans fin, mais pas infini. Il s’enroule ou se déroule, se tend ou se détend. Il est composé d’une multitude de petits lui-même qui se fréquentent de très près sans être collés. Selon son modèle, il est parfois ébouriffé, parfois lisse et soyeux. Lorsqu’ils sont plusieurs ils résistent mieux. Le seul moyen de les séparer c’est de les couper d’un coup sec. Lorsque cet objet forme un nœud, il est difficilement démêlable, et forme une petite imperfection souvent utile pour bloquer le flux. 

Etendue de tout son long, raide, têtue, elle se faufile à peu près partout. D’un point à l’autre de son segment, on n’obtient pas le même objectif. L’un se laisse caresser, pénétrer, sans égoïsme et sans honte, arrondi et mielleux, il ouvre grand la bouche pour laisser traverser sa proie. L’autre bout, complètement jaloux, pique et mord sournoisement dans les endroits où on ne l’attend pas. Son air glacial fait froid dans le dos, car sa couleur métallique n’arrange rien à son teint. Bien que toujours très propre, elle n’a jamais fait preuve d’originalité, et c’est d’ailleurs toute nue qu’elle se laisse tripoter. Elle a un esprit de famille très ancré, élevant ses petits comme ses grands dans la même maisonnée. C’est un réel atout, car la diversité amène toujours à la créativité. De toute façon, pour la fréquenter, il faut avoir le bon oeil. Mais sa disponibilité fait parfois défaut, inopinément, contre toute attente, elle disparaît, s’enfuit, et ne revient jamais.