икон : relique

A côté du bleu, la feuille d’or. Dans le ciel, les étoiles.

Mes origines sont complexes et paradoxales, et j’essaye de démêler à ma façon les noeuds du passé qui me pèsent. Ce que certains tourneraient en drame, car certains sujets sont bien sérieux, je l’aborde de façon décontractée, naïve, parfois provocatrice. Il faut bien que ça sorte, et c’est ma mission. Les histoires passées, de ma vie ou celle de mes ancêtres, sont bien vives en moi, mais je les découvre peu à peu. Entre secret de famille ou simple hasard avec conséquences. Pour cela il faut connaître un peu l’histoire, la religion, la civilisation et les moeurs. L’une de ces déchirures intervient à l’endroit précis de la question de la représentation. La religion russe orthodoxe, dont j’ai été baptisée par mon père, regorge d’images saintes, de portraits stylisés, de dorures et moulages, accumule et charge ses murs de fresques et de scènes figuratives. A l’inverse, la religion juive transmise discrètement par ma mère, est parfaitement dénuée de représentation; toute image, surtout divine, y est proscrite. Seule la lettre, l’hébreu, le livre, est sacré – pas d’idolâtrie terrestre. Plus précisément, nous, les ashkénazes d’ukraines, avons subi maints pogroms et misères insoutenables, attaqués souvent par les Cosaques dont mon père est descendant direct de grands guerriers. Il y a cette fièvre de vouloir tout rassembler et unifier encore beaucoup d’autres cassures, et en tant que petite fille et jeune femme, j’incarne aussi une promesse de transmission via mon propre processus de digestion. Mon immunité est optimale.

Moscou, 26 octobre 2019 : Je retrouve la rudesse de caractère, les visages inexpressifs typiques auxquels il est difficile d’arracher un sourire. Les russes, dignes et glaciaux, petits travailleurs résignés. Par contre, pas d’hypocrisie, le mensonge est subtil, moins évident à déceler, il n’apparaît pas dans les regards. Pas d’efforts vains. Pas de démultiplication de tentatives incertaines. Beaucoup de patience, très peu d’indulgence. L’âme hautaine, élitiste, fière, nationaliste. L’âme russe.

× Chaque peinture est inspirée d’une icône ancienne.

× Chaque peinture est une relique.

× Chaque peinture est à la fois une preuve et une tentative d’escroquerie.

«J’allais à l’école dans l’ambassade de Russie puis j’ai poursuivi jusqu’au bac avec le russe en première langue avec l’option lourde en histoire et géographie de ce grand peuple. Mon père habite à Moscou où je me rends régulièrement, et ses aïeux étaient des Cosaques du Don. Mon grand-père maternel bruxellois d’origine sibérienne est historien-archéologue spécialiste de la Russie médiévale et des icônes. Pour couronner le tout, mon beau-père est également historien spécialiste de la Russie tsariste. Il y a beaucoup trop à dire. Je suis très attachée aux films, musiques, livres, avec la nostalgie typique que j’ai pu retrouver dans tant de bonnes âmes slaves.»

>>> Confrontation de toutes les dualités <<<

Erouv : le mélange (hébreu) // Adlaya : au point de confondre, au point de ne plus savoir, de ne plus discerner (hébreu)

ANI EROUV ADLAYA


« L’artiste comme anthropologue de sa propre culture ». (Joseph Kosuth)

Sainte Anastasia, Huile sur bois, 34x55cm
Svetlana 2, Huile sur bois, 21x21cm
Svetlana, Huile sur bois, 21x21cm
Gueorgui Kon, Huile sur bois, 21x21cm
Doura Europos, Huile sur bois, 50x50cm, 2020
Doura Europos, Huile sur bois, 50x50cm, 2020
Doura Europos, Huile sur bois, 50x50cm, 2020
Doura Europos, Huile sur bois, 50x50cm, 2020
Doura Europos, Huile sur bois, 50x50cm, 2020